Bonjour,
je vais tenter de faire un petit topo sur la maintenance d'un charmant petit siluriforme, appartenant à une famille malheureusement fort peu représentée en aquariophilie, notamment en France, les Auchenipteridae.
Centromochlus perugiae Steindachner, 1882
(
ex Tatia perugiae)
Centromochlus: du grec kenteo, signifie aiguillon et Mochlos, ce qui signifie levier en référence aux longues épines.
perugiae: nommé d'après Albert Perugia, l'ichtyologue Italien.
Ce petit bijoux Sud-américain profilé comme une torpille est un petit prédateur nocturne, aimant vivre dans les eaux vives et peu profondes.
Il y chasse les petits insectes en surface après avoir passé la journée, caché dans les petites anfractuosités naturelles qu'il aura trouvé dans les berges, les branches et troncs d'arbres tombés à l'eau, etc.
Cette habitude lui a d'ailleurs valu son nom vernaculaire anglais de Driftwood Cat, c'est à dire "silure du bois-flotté"
Son aire de répartition s'étale sur l'Equateur occidental, le nord-est du Pérou, le sud de la Colombie et l'extrème est du Brésil.
Le point marqué A est le lieu de découverte initiale, aux abords de Canelos en Equateur.
En certaines zones, C. perugiae cohabite avec une espèce très proche, Centromochlus altae.
C. perugiae à gauche, à droite C. altae Centromochlus perugiae possède plusieurs particularités, dont une vraiment surprenante.
En effet, outre la plaque osseuse qui recouvre son crâne, la couche de peau qui recouvre ses yeux et l'absence d'écailles, ces poissons pratiquent la fertilisation interne via le gonopode du mâle, à l'instar de Poecilia reticulata le célèbre guppy.
Voici de quoi vous aider à sexer vos futurs spécimens :
Accolé à la nageoire anale du mâle, on distingue le gonopode
Mais pour se démarquer encore un peu plus, ce ne sont pas des ovovivipares, puisque la femelle pond 24 à 48 heures suivant l'accouplement, entre quatre-vingt et cent vingt oeufs adhésifs d'environs 3 millimètres de diamètre.
Ces oeufs sont protégés par une sorte d'épaisse gélatine, tout comme le sont les oeufs de planorbes.
Il faut savoir, qu'une fois les oeufs pondu, ils survivront tous jusqu'à l'éclosion sauf si bien entendu ils venaient à être détruits, mangés, etc.
L'épaisse gélatine qui les recouvre fait réellement office de bouclier imperméable contre les agressions chimiques, fongiques et bactériologiques dont peuvent être victimes les oeufs des autres poissons.
En terme de taille, cette espèce peut atteindre 6cm, ce qui en fait un sujet idéal pour des cuves relativement modestes.
Pour l'alimentation par contre, C. perugiae sera un peu plus embêtant que la moyenne, les nourritures sèches étant mal voir pas du tout acceptées.
Après divers essais il semble que leur préférence va aux larves de moustiques blanches congelées, qu'ils engloutissent à une telle vitesse et en telle quantité qu'ils s'en déforment l'abdomen à chaque repas.
Pour ce qui est des paramètres physico-chimiques de l'eau, une eau très douce (de 1 à 4°kH) avec un pH pouvant aller de 5.5 à 7.5 conviendra parfaitement. La température pourra elle varier entre 22 et 28°C.
Pour vous faire une idée sur le type de décors à mettre en place dans une cuve qui leur sera dédiée, voici quelques photos d'un des lieux de collecte de Centromochlus perugiae, Jenaro Herrera au Pérou.
Vous aurez remarqué la hauteur d'eau modérée ainsi que l'encombrement par les déchets boisés.
Et voici un exemple de cuve qui tend à reproduire plus ou moins fidèlement les conditions naturelles pour ces poissons.
A vous de jouer !